Le baptême pour les morts

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Nous allons aujourd’hui voir un exemple de « verset difficile ». Il s’agit d’1 Corinthiens 15 : 29 où l’apôtre Paul parle du « baptême pour les morts ».

Expliquons d’abord de quoi il s’agit. Le baptême est un commandement de Jésus (Marc 16 : 16). Lorsqu’une personne se convertit, elle doit ensuite être baptisée, c’est-à-dire plongée dans l’eau, pour le pardon  de ses péchés. (Actes 2 : 38)

En 1 Corinthiens 15 : 29, Paul évoque un cas particulier :

« Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux? »

Le sens de ce verset est très simple, il  y a des personnes qui sont mortes sans baptême et d’autres personnes se font donc baptiser à leur place. Mais il pose de gros problèmes car il remet en cause un certain nombre de croyances modernes. .

Pour tenter de contourner la difficulté les théologiens inventent toutes sortes d’explications, plus tirées par les cheveux, les unes que les autres.  D’un point de vue grammatical, il n’y aucune autre possibilité de lecture, de même rien ne peut justifier une interprétation allégorique puisque celle-ci remettrait en cause la démonstration de l’apôtre, le sens littéral du  texte est très clair : Paul parle bien de personnes qui se font baptiser à la place de morts.

La seule solution consiste alors à affirmer que cette pratique mentionnée par Paul serait celle de groupes déviants (d’hérétiques), ou alors de chrétiens peu instruits, et que Paul ne l’approuverait pas.

Dans cet article, nous expliquerons pourquoi cette hypothèse ne nous semble pas juste et nous tacherons de comprendre qui sont ces personnes.

La place du verset dans l’argumentaire de Paul

Pour comprendre qui sont ces personnes, il est important de replacer le verset dans son contexte pour saisir la pensée de l’apôtre. Lisons donc (les chiffres dans le texte indiquent la numérotation des versets) :

«  12 Or, si l’on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection des morts? 13  S’il n’y a point de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité. 14  Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. 15  Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu qu’il a ressuscité Christ, tandis qu’il ne l’aurait pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point. 16  Car si les morts ne ressuscitent point, Christ non plus n’est pas ressuscité. 17  Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés, 18  et par conséquent aussi ceux qui sont morts en Christ sont perdus. 19  Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. 20 Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts. 21  Car, puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. 22  Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, 23  mais chacun en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement. 24  Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance. 25  Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds. 26  Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort. 27  Dieu, en effet, a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu’il dit que tout lui a été soumis, il est évident que celui qui lui a soumis toutes choses est excepté. 28  Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. 29  Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux? 30  Et nous, pourquoi sommes-nous à toute heure en péril? 31  Chaque jour je suis exposé à la mort, je l’atteste, frères, par la gloire dont vous êtes pour moi le sujet, en Jésus-Christ notre Seigneur. 32  Si c’est dans des vues humaines que j’ai combattu contre les bêtes à Ephèse, quel avantage m’en revient-il? Si les morts ne ressuscitent pas, Mangeons et buvons, car demain nous mourrons. 33  Ne vous y trompez pas: les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs. »

Paul est face à une contestation, certains Corinthiens ne croient pas à la résurrection des morts (verset 12). Il explique tout d’abord que ce refus, remet en cause toute la foi chrétienne (versets 13 à 19), et rappelle clairement l’œuvre de Dieu déjà accomplie et son plan pour l’avenir (versets 20 à 28). Il avance ensuite  deux arguments en faveur de la résurrection :

-la pratique du baptême pour les morts (verset 29)

-sa propre vie (versets 30 à 33)

Cette pratique est donc mentionnée par Paul comme un argument en faveur de la résurrection.

La valeur de l’exemple dans l’argumentation

Une telle utilisation implique nécessairement que l’apôtre l’approuve, mais plus encore : pour que le comportement d’une personne puisse servir d’argument, il faut que cette personne soit reconnue comme une autorité morale de la part des personnes à qui on s’adresse.

Expliquons-nous :

Imaginez que je vois un chrétien mangez du saucisson et que je lui dise : « Tu ne dois pas manger de porc, car Mahomet l’a interdit ».  Ensuite je rencontre un Juif et je lui dis : « Tu dois reconnaître que Jésus est le Messie, car  l’apôtre Paul le dit dans ses lettres». Et enfin je tombe sur un groupe de musulmans qui prient en direction de la Mecque et je m’exclame « Arrêtez ! Vous devez prier vers Jérusalem, car c’est ainsi que font les rabbins »

Pensez-vous que toutes ces personnes m’écouteront ?

Bien sur que non, car pour un chrétien, Mahomet n’est pas une référence, pour un Juif, Paul n’est pas une référence, et pour un musulman, les rabbins ne sont pas une référence.

Si vous voulez que votre argumentation soit pertinente, il est nécessaire que les personnes  que vous prenez comme exemples, soient reconnues par vos interlocuteurs comme des références.  Un chrétien suivra les instructions de Paul, un musulman celles de Mahomet, et les Juifs celles des rabbins.

L’Eglise de Corinthe au 1er siècle

Replaçons nous donc dans le contexte de l’Eglise apostolique : qui, au milieu du Ier siècle pouvait servir de référence aux chrétiens ? Jésus ? Bien sur, mais l’apôtre Paul emploie un pluriel et un présent. Il s’agit donc de plusieurs personnes, qui sont encore sur terre au moment où la lettre est écrite.

En réalité, il n’y a guère le choix : ces personnes ne peuvent être que les apôtres eux-mêmes.

Problème ?

Pourquoi ce verset pose-t-il donc tant de problèmes ? Cette pratique apostolique du baptême pour les morts, implique que l’action des vivants, puisse avoir un effet sur les morts. Cela pose donc un problème car on remet en cause la  théologie moderne occidentale qui nie la possible interaction des morts et des vivants. Mais un tel raisonnement est un bel exemple d’anachronisme que nous dénoncions dans un article précédent.

En effet les apôtres ne sont pas des occidentaux vivant au XXIème siècle, mais des Judéens vivants au Ier siècle et si l’idée d’une interaction entre les morts et les vivants est totalement étrangère à un occidental de l’époque moderne ou contemporaine, elle est en revanche parfaitement compatible avec la religion d’Israël, telle qu’elle se pratiquait au Ier siècle de notre ère.

C’est ce que nous verrons dans un prochain article.

10 réflexions sur “Le baptême pour les morts

  1. Marc 16/16 dit: « celui qui CROIRA ET qui sera baptisé sera sauvé ». Donc il me semble que se faire baptiser à la place de quelqu’un qui est mort sans avoir eu la foi n’a aucune valeur. Qu’en pensez-vous ?

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  2. Bonjour JP,

    Tout à fait. Nous n’avons pas beaucoup de témoignages historiques précis de cette pratique, je voulais en ajouter un mais je ne suis pas arrivé à le retrouver, à l’occasion je publierai peut-être un addendum.

    Mais il est évident que cela ne pouvait concerner que des croyants qui étaient morts sans avoir eu le temps de se faire baptiser.

    De mémoire par exemple, je me souviens d’un cas : celui de deux jeunes gens, un frère et une soeur, qui se sont convertis lors d’une période de persécution. Le frère est mort avant d’avoir reçu le baptême et sa soeur s’est donc fait baptiser à sa place.

    Pour le reste cet article, était plus une réflexion sur ce verset qu’autre chose. Je ne milite pas pour la réinstauration de cette pratique.

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    • Bonjour,
      Tout d’abord merci pour ces études qui mettent le doigt sur des choses auxquelles nous n’aurions pas forcément pensé 😉
      Concernant ce baptême d’un vivant pour le compte d’un mort qui avait la foi mais qui n’aurait pas eu le temps ou l’occasion de se faire baptisé, je ne vois pas bien l’intérêt. Je crois que Dieu regarde au coeur et Il reconnaît ceux qui Lui appartiennent.
      Je pense au passage décrit dans Luc 23:40-43 où un des deux malfaiteurs, crucifié à côté de Jésus, reconnaît Jésus comme le Messie et Lui dit: « Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne ». Jésus lui répond alors: « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
      Conclusion: cet homme, à l’attitude repentante et qui a reconnu Jésus, n’a pas eu le baptême d’eau mais se retrouve quand même sauvé. Dieu est bon et reconnaît les siens.
      Eric

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      • Bonjour Eric,

        Merci de ta remarque,

        Ce post était plus historique que personnel : je ne pense pas que le baptême soit un acte magique. C’est un commandement du Seigneur, après je ne dis pas que ceux qui n’ont pas pu être baptisés ne seront pas sauvés. Ce que je trouve intéressant dans cette affaire, c’est surtout le rapport entre mort/vivant. Ces chrétiens estimaient que leur action sur terre pouvait avoir des répercussions sur ceux qui étaient déja partis.

        Aujourd’hui une telle réflexion est totalement rejetée par le protestantisme et directement associée au catholicisme. Je trouve cela dommage car à mon sens, les Ecritures montrent que les choses sont plus complexes.

        Par contre pour le brigand sur la croix, je pense qu’on sait trop peu de choses sur lui pour tirer quelque chose de cet exemple. Pourquoi n’aurait-il pas reçu le baptême de Jean par exemple ?

        Au passage, petit détail : on pourrait discuter longuement sur la traduction/interprétation de ce passage. Comment le brigand a-t-il pu être « aujourd’hui » dans le paradis avec Jésus, alors que Jésus Lui-même n’y était pas « aujourd’hui’ , puisqu’il est descendu au séjours des morts ?

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        • Bonjour David,
          Merci pour la prompte réponse.

          En ce qui concerne le brigand, cela reste de la supposition bien sûr mais on pourrait estimer que ce brigand, tout comme le 2nd brigand, n’ont pas reçu le baptême de Jean dans la mesure où ils ont été condamné pour un acte ne respectant pas les lois de l’époque (lorsqu’il se trouve sur la croix et qu’il converse avec Jésus, il reconnaît qu’il mérite son sort et que Jésus lui ne mérite pas le sien). Normalement, le baptême de Jean entraîne la repentance (impliquant un changement d’attitude, de comportement) dont le brigand n’a à priori pas fait preuve avant de se retrouver sur sa croix. C’est pour cette raison que je me permets de penser qu’il n’a pas reçu le baptême de Jean.

          Je rejoins ton dernier commentaire sur le « aujourd’hui » dit par Jésus au sujet de Sa présence et de celle du brigand dans le paradis, alors que Jésus va d’abord passer par le séjour des morts pendant 3 jours.
          C’est encore plus de la supposition que pour mon paragraphe précédent, et c’est « tiré par les cheveux », mais on pourrait penser que comme Jésus, Dieu, le Saint Esprit, le Royaume des cieux, la Vérité, la Lumière, la Parole, etc… ne font qu’un, alors d’une certaine façon ce brigand aurait rejoint cet ensemble et donc Jésus d’une certain façon.
          Un peu moins « tiré par les cheveux », on pourrait penser que les paroles prononcés par Jésus serait en fait données directement par Dieu le Père, qui Lui n’est pas passé par le séjour des morts. Le brigand Le rejoindrait ainsi le jour même.
          On peut aussi se poser la question de la durée d’une journée selon Jésus/Dieu: est-ce qu' »aujourd’hui » a la même signification que dans l’utilisation que nous en faisons aujourd’hui ?
          Bref, effectivement, il y a de quoi discuter…

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      • Bonjour Eric,

        Effectivement, cet argument du brigand à la croix est souvent utilisé pour justifier le fait que le baptême ne serait pas salutaire.

        Et pourtant l’instruction du baptême d’eau en Jésus n’a paru qu’après la résurrection du Seigneur Jésus. Marc 16,16: « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé et celui qui ne croira pas sera condamné ».
        Il est évident que cette instruction ne concernait pas nos pères, les prophètes Abraham, isaac, david etc, puisque l’œuvre de la Croix de Jésus n’était pas encore manifestée.

        Toutefois dans la dispensation de la grâce qui s’inaugure après la mort et la résurrection de Jésus, Toute personne qui entend la prédication de la Croix est tenue de croire et de se faire baptiser d’eau afin de recevoir le pardon de ses péchés. De plus à la différence du baptême de jean qui préparait les coeurs à la réception du messie, le baptême d’eau en Jésus s’effectue en conformité avec sa mort et sa résurrection.

        Le brigand à la Croix étant d’une autre dispensation (celle de la Loi de Moïse) n’était donc pas concerné par cette instruction du baptême, qui comme je l’ai dit plus haut, ne paraît qu’après la résurrection du Fils de Dieu.

        Que Dieu te bénisse.

        brando

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  3. Bonjour Eric,

    Concernant ta remarque sur le baptême de Jean, cela me rappelle une histoire racontée par plusieurs Pères de l’Eglise, je vais essayer de la retrouver et je le recopierai en commentaire 🙂

    Pour le « aujourd’hui », en décalant la virgule, on pourrait aussi le rattacher aux propos de Jésus.
    « Je te le dis aujourd’hui, tu seras avec moi dans … « .

    Enfin bref, beaucoup d’incertitudes concernant ce brigand. Il y a au moins une chose de sur, c’est qu’il est sauvé et finalement pour lui c’est déjà l’essentiel 😀

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  4. merci pour cet article très superb, dite moi alor selon vous se fair baptiser pour les morts ou bapteme par procuration est une bonne pratique ou pas,justifier et si elle est bonne quesqui arrive alor quant on ne le fait pas? et vous ete membre de quel eglise?

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